Atlas des sites et usages Mi’gmaqs et Malécites du Saint-Laurent marin des communautés de Gesgapegiag, Gespeg et Wahsipekuk (Viger)

L'Atlas

Le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent forment un environnement complexe et variable selon les saisons et les années. C’est une mer semi-fermée où les eaux de surface réagissent à différentes forces, courants de marée, vent, pression atmosphérique, débit des rivières. Cette complexité rend le Saint-Laurent marin particulièrement vulnérable aux incidents environnementaux, tel un déversement de produit pétrolier. Dans ce contexte, l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Malécite (AGHAMM) a mené le projet de créer un Atlas des sites et usages mi’gmaqs et malécites du Saint-Laurent marin pour ses trois communautés membres.

Ce projet visait à accroitre les capacités des groupes membres de l’association, soient la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécite de Viger), la Nation Micmac de Gespeg et les Micmacs of Gesgapegiag. Il visait également à permettre aux communautés d’identifier les sites marins importants pour elles. Plus précisément, le projet avait comme objectif de numériser, cartographier et partager les connaissances mi’gmaques et malécites en lien avec les activités traditionnelles et contemporaines pour le milieu marin. Ainsi, le projet a permis à l’AGHAMM de rassembler l’information disponible portant sur les usages et lieux importants pour ses trois communautés membres et de générer des bases de données géoréférencées.

Le présent document et les bases de données créées dans le cadre de ce projet permettront aux membres des communautés d’accéder à l’information liée aux usages du milieu marin. L’information rassemblée dans cet Atlas pourra servir d’outil aux communautés pour planifier une réponse rapide et efficace s’il se produit un incident, par exemple un déversement de produit pétrolier; ou encore pour faciliter les prises de décision en lien avec les processus de consultations et les initiatives de développement.

L’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Malécite - L’AGHAMM

L'Association de gestion halieutique Mi'gmaq et Malécite (AGHAMM) est une organisation à but non lucratif créée en 2012 dans le cadre du Programme autochtone de gestion des ressources aquatiques et océaniques (PAGRAO) du Ministère des Pêches et Océans (MPO). Le PAGRAO vise à aider les groupes autochtones à participer efficacement aux processus consultatifs et décisionnels pour la gestion des ressources aquatiques et des océans.

L'AGHAMM a pour mission de promouvoir la gestion durable et la conservation des écosystèmes aquatiques et océaniques sur les territoires et zones d'activités des Micmac of Gesgapegiag, de la Nation Micmac de Gespeg, ainsi que de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécite de Viger), tout en favorisant leurs intérêts et leur participation dans les processus de cogestion, ainsi que la diversification de leurs activités de pêche et d’aquaculture.

Territoire revendiqué par les Mi'gmaqs
Territoire revendiqué par les Malécites

Nos partenaires

Les communautés mi’qmaques et malécites et le St-Laurent marin

Depuis des temps immémoriaux, les peuples mi’gmaqs et malécites peuplent le littoral et les régions côtières de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Ces nations vivaient étroitement avec la nature et possédaient leur propre système de gestion des ressources. Leurs connaissances des animaux et des plantes se sont transmises selon la tradition orale, de génération en génération. Les Premières Nations peuplant les régions actuelles de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent au Québec, les Micmacs of Gesgapegiag, la Nation Micmac de Gespeg, et la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécite de Viger), se partagent les eaux le long du fleuve et du golfe du Saint-Laurent, mais se distinguent l'une de l'autre en raison de leur lieu géographique, de leur situation socio-économique, de leur singularité culturelle et de leur langue.

Le peuple mi’gmaq occupe le territoire des Maritimes et du sud de la péninsule gaspésienne depuis plusieurs milliers d'années. Traditionnellement, les Mi’gmaqs vivaient de façon semi-nomade, dépendant principalement de la pêche et de la chasse aux mammifères marins et terrestres durant la saison estivale, et du gibier durant l'hiver. Entre autres, les Mi’gmaqs étaient réputés pour leur adaptation aux activités liées à la pêche hauturière (Clermont 1986); ils auraient notamment développé l'art de construire des canots d’écorce destinés à ce genre de pêche (Marshall, 1986).

Parmi les nombreuses espèces de poissons pêchés qui ont été documentés figurent le saumon atlantique (Salmo salar), l’éperlan d’Amérique (Osmerus murdax), l’esturgeon noir (Acipenser oxyrinchus oxyrinchus), le bar rayé (Morone saxatilis), l’anguille d’Amérique (Anguilla rostrata), l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis), le hareng atlantique (Clupea harengus), le maquereau (Scomber scombus), l’aiglefin (Melanogrammus aiglefinus), le poulamon atlantique (Microgadus tomcod), le gaspareau (Alosa pseudo-harengus), la morue franche (Gadus morhua) et le flétan atlantique (Hippoglossus hippoglossus), pour ne nommer que celles-ci (Passchier 1985, Clermont 1986). La chasse aux mammifères marins, incluant le marsouin commun (Phocoena phocoena), le béluga (Delphinapterus leucas), le phoque du Groenland (Phoca groënlandica), le phoque gris (Halychoerus grypus), le phoque commun (Phoca vitulina) et le morse de l’Atlantique (Odobenus rosmarus rosmarus); ainsi que la collecte de crustacés comme le homard d’Amérique (Homarus americanus), les crabes, pétoncles et palourdes, ont également été cités dans des récits du 17e siècle (Passchier, 1985; Clermont, 1986).

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Micmacs of Gesgapegiag

Les Mi’gmaqs de Gesgapegiag, officiellement Micmacs of Gesgapegiag, selon l’appellation utilisée par le conseil de bande, participent depuis plusieurs années à la gestion de la pêche sportive sur la rivière Cascapédia. Le nom Cascapédia dérive du mot mi’gmaq Gesgapegiag, signifiant « fort courant » ou « grande rivière ». De nos jours, les pêcheurs Mi’gmaqs de Gesgapegiag se consacrent à la pêche commerciale, notamment de la crevette nordique (Pandalus borealis), du homard, du crabe des neiges (Chionoecetes opilio), de concombre de mer (Cucumaria frondosa) et de certaines espèces de poissons de fond.

Nation Micmac Gespeg

Selon les sources disponibles, c'est au cours du XVIe siècle que les Mi’gmaqs s'installent en permanence dans la baie de Gaspé, pour former la Nation Micmac de Gespeg, tel que désigné par le conseil de bande. Vers 1675, dans leur village de Gespeg, signifiant « le bout de la terre », ils entretiennent depuis quelques décennies des liens avec des pêcheurs européens. De nos jours, les pêcheurs Mi’gmaqs de Gespeg se consacrent à la pêche commerciale, notamment de la crevette nordique, du homard, du crabe des neiges, de certaines espèces de poissons de fond ainsi que du concombre de mer.

Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécite de Viger)

En ce qui concerne le peuple malécite, se dénommant Wolastoqiyik, ce qui signifie le « peuple de la belle rivière », il est originaire des vallées du fleuve Saint-Jean et de ses affluents, à proximité des frontières actuelles entre le Québec et le Nouveau-Brunswick, au Canada, et l'état du Maine aux États-Unis. À l’origine, les Malécites étaient essentiellement un peuple nomade vivant principalement de chasse et de pêche (Erickson, 1978), ayant possiblement pratiqué la culture du maïs (Chalifoux et al., 1998). Parmi les espèces pêchées se trouvent le corégone (Coregonus clupeaformis), le touladi (Salvelinus namaycush) et l’omble de fontaine (Chalifoux et al., 1998). À la suite de nombreux conflits en Nouvelle-Angleterre à partir de 1675, les Malécites furent appelés à migrer de plus en plus vers le nord de la vallée de Saint-Jean, jusqu’à la vallée du Saint-Laurent (Erickson, 1978). Malgré des tentatives de sédentarisation, établis par le gouvernement du Canada, avec la mise en place de la réserve de Viger en 1827 (qui fut rétrocédée en 1869 à la suite des pressions de colons d'origine européenne intéressés par ces terres fertiles), la création de la réserve de Whithworth en 1876 et de celle de Cacouna en 1891; les Malécites résistèrent au mode de vie sédentaire et aucun d'eux ne vit actuellement en permanence sur l'une ou l'autre de ces réserves. De nos jours, les pêcheurs Wahsipekuk (Malécite de Viger) se consacrent à la pêche commerciale, notamment de la crevette nordique, du crabe des neiges, de certaines espèces de poissons de fond, de l'oursin vert (Strongylocentrotus droebachiensis) ainsi que du concombre de mer.

Remerciements

La réalisation de cet Atlas a été rendue possible grâce à la collaboration de nombreuses personnes et organisations. Ce projet n’aurait pu être possible sans la précieuse collaboration des nombreux collaborateurs impliqués, particulièrement des directeurs de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécite de Viger), de la Nation Micmac de Gespeg et des Micmacs of Gesgapegiag. Nous remercions les participants aux différentes études de leur contribution et sommes reconnaissants du soutien financier de Pêches et Océans Canada (MPO) pour réaliser ce projet.

L'usage de cet Atlas est soumis à différentes conditions et limitations

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